Moins d’un mois après que le président de l’ADL, Jonathan Greenblatt, ait fait l’éloge d’Elon Musk, le présentant comme « un entrepreneur incroyable et un innovateur extraordinaire » et annoncé l’achat alors en attente de Twitter par le milliardaire sud-africain, la Ligue anti-diffamation a lancé vendredi un appel public visant à convaincre les annonceurs de « mettre en pause » leurs dépenses sur le site, suite à une recrudescence du racisme et du harcèlement sur le site depuis la prise de contrôle de Musk.
Dans une déclaration partagée sur le site Internet « Stop Hate for Profit », les organisateurs du boycott disent avoir rencontré Musk plus tôt dans la semaine pour exprimer leurs inquiétudes face à la prolifération des « discours de haine » sur le site. Une clause de non-responsabilité sur le site répertorie Stop Hate For Profit comme « une marque déposée de la Ligue anti-diffamation ». Greenblatt a déclaré jeudi sur CNBC qu’il avait été « rassuré » par ce qu’il avait entendu de la part de Musk lors de ces réunions.
Cependant, le lendemain même de cette interview, les organisateurs de l’opération de boycott ont décléré que : « à ce stade, nous appelons les annonceurs à suspendre leurs dépenses à l’échelle mondiale jusqu’à ce qu’il soit clair que Twitter reste déterminé à être un endroit sûr pour les annonceurs ainsi que pour la société en général ».
L’ADL fait partie de #StopToxicTwitter, une coalition de plus de 60 organisations qui comprend également le NAACP, Color of Change, Voto Latino, Free Press, LULAC, GlAAD, le National Hispanic Media Center et les Sleeping Giants. Les membres de cette coalition ont rencontré Musk le 2 novembre pour discuter des préoccupations concernant les « changements potentiels en cours de discussion pour Twitter », ainsi que d’une « augmentation des activités extrémistes, du racisme, de l’antisémitisme, de l’homophobie, de la désinformation et plus encore ».
« Jusqu’à ce que Musk puisse investir et fournir des équipes capables d’appliquer de manière robuste les normes communautaires existantes de Twitter, la plate-forme n’offre pas un environnement sûr pour les utilisateurs ni pour les annonceurs« , a déclaré Stop Hate For Profit dans un communiqué vendredi.
La déclaration est intervenue quelques heures après que Musk ait accusé les « groupes activistes » d’être responsables de la chute des revenus publicitaires de Twitter, les accusant de vouloir « détruire la liberté d’expression en Amérique« .
Twitter has had a massive drop in revenue, due to activist groups pressuring advertisers, even though nothing has changed with content moderation and we did everything we could to appease the activists.
Extremely messed up! They’re trying to destroy free speech in America.
— Elon Musk (@elonmusk) November 4, 2022
Elon Musk a licencié près de la moitié du personnel de Twitter entre jeudi soir et vendredi matin, ce qui fait suite à une vague de licenciements parmi les dirigeants de Twitter, en particulier la responsable de la modération du contenu Vijaya Gadde.
Selon des documents internes examinés par le New York Times , Musk prévoit de lancer lundi une version remaniée de Twitter Blue, qui à 8 dollars par mois permettra aux utilisateurs de payer pour un badge de vérification. Les documents suggèrent que le programme ne nécessitera aucune forme de confirmation d’identité. Sans surprise, l’éventualité de la mise en place de ce modèle économique a suscité la frayeur des politiciens, journalistes et autres fact-checkers officiels du régime.
Que faire si la certification devient payante? Le rond bleu, peu importe. Mais qu’est-ce que ça dit sur l’avenir de ce réseau ? Que c’est l’argent qui va désormais donner de l’audience ?
— Julien Pain (@JulienPain) November 2, 2022
Dans une déclaration publiée sur Twitter, Free Press , un groupe de défense des médias, a fait écho aux inquiétudes selon lesquelles la réduction drastique du personnel de Twitter rendrait essentiellement « impossible pour l’entreprise de respecter les garanties essentielles de la marque et les normes de modération du contenu« .
Ces inquiétudes sont amplifiées par le fait que les changements que Musk met en œuvre ont lieu quelques jours avant la tenue des élections de mi-mandat aux États-Unis. Les agents du régime craignent que la transformation radicale de Twitter n’amplifie la « désinformation » et les « discours de haine », autrement dit, les discours dissidents, remettant en cause les narratifs officiels du régime.
Ca pourrait être la surprise d'octobre en novembre pour ces #midterms 2022.
Selon @nbcnews, les licenciements massifs voulus par Musk chez Twitter toucheraient surtout les équipes chargées de lutter contre la désinformation
A 4 jours d'élections nationaleshttps://t.co/Xc43BK1Nuv— Corentin Sellin (@CorentinSellin) November 4, 2022
Source : Rolling Stone et MSN/The Week